La Presse de la Manche - 26 avril 2008
L'album photo de la famille élastique
La Somone, objectivement, n'a pas l'air à plaindre. Avec ses villas de bord de mer, sa lagune, ses puits pas toujours vides, ses femmes magnifiquement parées et ses enfants joyeux, ses petits commerçants dynamiques et ses artisans courageux, le village se fait une fierté de ne pas monter les difficultés de ses habitants.
A un kilomètre de la mer, du mauvais côté de la route, les familles peules habitent de simples huttes dans des conditions misérables
La survie immédiate de ces familles élastiques, composées de dizaines de personnes de tous âges, repose pourtant sur quelques francs glanés sur la vente d'un boubou, sur le travail de quelques-uns partagé par tous, sur les cagnottes des "tontines", ces oboles qui sont remises à tour de rôle aux plus nécessiteux par d'aussi nécessiteux qu'eux.
Au bord de la grande route, une bassine en plastique en guise de berceau pour bébé
Jeune star de l'Olympic, Tiko, 17 ans, 1m83, 63 kg, rêve d'être repéré par les pros
Beurrés d'huile de Carité, les lutteurs dans l'arène se battent aussi pour de l'argent
Le poids des traditions, encore très visible dans l'organisation de la vie quotidienne, la polygamie, la religion ou la santé, est à la fois un frein au développement et un gage salutaire de solidarité. L'action de notre petite équipe sur place aura, en ce sens, permis un véritable échange d'expérience. La manière dont nous traitons "nos vieux", nos familles déchirées par le divorce, choque profondément nos amis somonois. Restons modestes.
Rien ne se perd : les enfants des pêcheurs récupèrent les petits coquillages pris dans les filets pour en tapisser le sol des maisons
Visage d'une fillette voilée pendant les prières au marabout défunt
C'est bien pour cela, dans un pays sans ressources ni organisation véritable, qu'il faut saluer l'oeuvre de l'association Teranga de Cherbourg. Elle a choisi depuis 10 ans, non pas d'aider les gens, mais d'accompagner le développement de la Somone. Son fameux slogan "un euro pour deux agglos" s'est traduit concrètement sur place par de nouvelles classes d'école, une Maison de la femme, un puits. La vie s'est vraiment installée autour. Il y a là-bas une attente réelle pour les quelques dons que nous pouvons faire, une écoute pour les conseils que nous pouvons donner, et des hommes et des femmes compétents pour en faire le meilleur usage. Ne les oublions pas.
Il est le relais de l'association Teranga sur place : Abdou (à droite) traduit en wolof nos propositions de micro-crédit
Merci à Philippe Le Barillier pour ses reportages si chaleureux, émouvants et significatifs de la vie sénégalaise, et pour son " aide photographique ". Nous espérons que vous aurez eu plaisir à suivre les aventures des Cherbourgeois à La Somone, tout en vous donnant envie d'en découvrir plus par vous-mêmes... ?