La Presse de la Manche - 25 avril 2008

Ecouter son coeur avec son doigt

Ce matin, notre docteur Hervé exulte. Il a trouvé un personnage formidable, l'ancien infirmier du dispensaire de la Somone, qui vient d'ouvrir un centre de soins, Malick Gueyé Bar Diop a 61 ans, une petite barbichette blanche, des mains de gynéco immenses et souples, et une toute petite retraite. Il gagnait 213.000 FCFA (2130 FF par mois). Il touche depuis le 28 décembre, date de son départ du dispensaire après trente-sept ans de bons services, un tiers de cette somme, pour six enfants encore à nourrir.

Malick Diop prêt à remettre la main à la pâte avec l'aide des Cherbourgeois

Anne et Jean-Pierre, deux français adorables qui se sont installés définitivement au village, l'ont aidé à financer son cabinet privé car ici, tout le monde le réclame. Pas un jour que Dieu fait, dit-il, sans un coup de fil depuis son départ. Mais toute sa retraite ne suffira pas à payer la location mensuelle de son cabinet sur la route principale. Il prendra donc 1.000 F l'acte (1,50€) et tâchera de vendre ses médicaments à des prix plus abordables qu'en pharmacie. En tout cas il sera beaucoup moins cher que le rebouteux du village qui se fait payer en poulets et en ânes ! Il comprend mais déplore les effets de la "pharmacopée africaine" qui lui amène des malades dans un état ultime alors qu'il est partisan du traitement immédiat, y compris à l'hôpital de Mbour. Il glisse alors son ordonnance dans une enveloppe "avion" pour souligner l'urgence de la prise en charge.

Pressentant que le dispensaire a moins besoin de ses services car l'infirmier se débrouille très bien et reçoit déjà des aides, notre docteur lui remet tout le stock de médicaments collectés par l'association et les lecteurs de la Presse de la Manche, des affiches santé pour coller au mur, un matériel qui tombe du ciel pour Malick. Au passage, il nous apprend le prix exorbitant des moustiquaires (près de 10€), inabordables et pourtant si utiles contre le paludisme.

Fracture ouverte

En fin de matinée, nous avons un rendez-vous "santé" avec les élèves de l'école de la Somone 2, celle qui a été édifiée grâce aux deniers de Teranga en pleine brousse dans un champ de terrains en construction. Le contact est merveilleux.

La découverte du rythme cardiaque avec le Dr Hervé Legros

Notre docteur Hervé distribue des feuilles de papier et les stylos de la Presse de la Manche destinés aux élèves pour qu'ils notent leurs performances cardiaques. Le but est en effet de tester leur résistance à l'effort, simplement en comptant leurs pulsations avant et après des exercices rapides.

Le test d'effort, dans la classe de CM2 construite avec les dons de l'association cherbourgeoise

Ils découvrent émerveillés qu'ils peuvent entendre leur coeur avec leurs doigts, et qu'un simple calcul mathématique pourra faire état de leurs progrès physiques tout au long de leur vie. Les enseignants sont ravis et demandent à être formés et testés eux aussi, y compris l'inspecteur et le responsable départemental du sport venus voir ce qui se passe.

Hervé détecte une malformation cardiaque chez une petite fille. Elle lui devra peut-être la vie.

Dans la soirée, Maggy l'hôtesse de l'air, qui rentra à notre maison après avoir donné un cours de secourisme, avale un grand verre d'eau pour nous raconter une aventure incroyable : "J'étais en train de dire à mes stagiaires comment s'y prendre en cas de fracture du bras, nous lance-t'elle encore sous le choc, une mère de famille est entrée dans la salle avec son fils qui supportait son bras avec sa main gauche. J'ai compris tout de suite. Il avait une fracture ouverte. On voyait l'os. Le cours a eu lieu en direct. Il a eu vraiment de la chance !"

Les formations 2008

Maggy en pleine séance de secourisme ne savait pas encore qu'elle soignerait un enfant gravement blessé

Claudine en professeur de chant devant des dizaines d'enfants enthousiates. Ils lui ont chanté l'hymne sénégalais. Elle a chanté la Marseillaise. Une grande fête de chorales est en projet pour l'an prochain.

Philippe et son équipe de reporters formés en quelques jours ont rédigé un journal spécial qui sera fabriqué par la Presse de la Manche et distribuée à la Somone.