guimm pour trois koras et un balafong...*
Quelques Ethiopiques aujourd'hui et demain nous vous le présenterons... Saurez-vous le reconnaître ?
L'ABSENTE
Jeunes filles aux gorges vertes, plus ne chantez votre Champion et plus ne chantez l'Elancé.
Mais je ne suis pas votre honneur, pas le Lion téméraire, le Lion vert qui rugit l'honneur du Sénégal.
Ma tête n'est pas d'or, elle ne vêts pas de hauts desseins
Sans bracelets pesants sont mes bras que voilà, mes mains si nues !
Je ne suis pas le Conducteur. Jamais tracé sillon ni dogme comme le Fondateur.
La ville aux quatre portes, jamais proféré mot à graver sur la pierre.
Je dis bien : je suis le Dyâli.*
*guimm vient du sérère, et signifie chant, poème; la kora est une harpe-luth mandingue, le balafong une sorte de xylophone; le Dyâli, d'origine mandingue, c'est le troubadour, le poète.
CAR JE SUIS FATIGUE
Car je suis fatigué. La sirène du paquebot derrière Gorée sonne l'hallali
Dans le soir, la lumière tressaille sur les murs roses, sur la mer sur le ciel
Un bateau blanc s'en va là-bas vers le Sud bleu et gris
Et je suis triste, vers Nagasaki la triste vers Valparaiso la belle
Oui vers Rio de Janeiro, où les mulâtresses sont des orchidées odorantes.
Or je suis fatigué qu'il soit l'heure du thé, et le jardin est clair
Autour de la fontaine, sous la statuette d'Afrique.
Mon coeur est couleur de l'ampélopsis quand je regarde tes yeux de mémoire
Et je suis fatigué, non las hélas ! mais fatigué
De n'aller nulle part quand me déchire le désir de partir.
Pas de proverbe aujourd'hui, mais un vers de Chant pour Khalam.*(*guitare tétracorde)
"Je ne sais en quels temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden"