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29 avril 2008

La presse de la Manche - 23 avril 2008

Au menu : baobabs, lagune et palétuviers

Ce matin, nous marchons par la mer vers le temple du tourisme local, Sally, à une dizaine de kilomètres au sud. Nous avons voulu voir de près ce qu'il ne faut pas faire à la Somone, où tout est encore préservé. Dans la brume, nous croisons plein d'enfants livrés à la plage par les jours fériés à répétition (toutes les religions ont droit à leurs fêtes respectées par tous) et par la grève sans fin des instituteurs. Les gosses jouent au football, d'autres attrappent des crabes qui s'engouffrent comme des scorpions dans des trous de manches à couteau. Les enfants s'amusent à les faire marcher en les attachant à un fil. Assis, contre la digue en ciment, Radim, 17 ans, apprend un cours par coeur en fermant les yeux, le nez dans le ciel. Il prépare son BFM au collège de Ngaparou et rêve de la Fac. Mais " c'est dur ", nous dit-il, quand on n'a pas les moyens. La jolie petite Aram nous montre son seau jaune. Anna, jeune femme qui fait la nounou avec une flopée d'enfants, caresse dans ses bras la petite Sietta, 2 ans.

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Radim, 17 ans, révise ses exams sur la plage

Rhume des fesses

Dans l'après-midi, nous prenons la " calèche " pour la forêt de baobabs en passant par le village des nomades dans la brousse, qui semble être un incontournable du tourisme local balbutiant. Bougies et stylos contre les photos. Jolies huttes. Depuis que le chef de la tribu est mort, le campement fait du surplace à la Somone. Les enfants sont scolarisés. Les brebis sont parties en ville manger... des boîtes de carton, leur nourriture de base ! Chaud devant, 35°. Nous avons un peu honte d'être là à chasser l'image.

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Les moutons sans laine, lassés de manger des cartons, s'attaquent aux palmiers protégés par des filets

La forêt de baobabs est située de l'autre côté d'une immense plaine de terre rouge irisée de blanc. C'est un hâvre où la mer pénètre deux fois par an. Nous y croisons un homme qui marche seul comme un pèlerin dans le désert. C'est ici qu'avaient lieu les démonstrations de moto du Paris-Dakar après l'arrivée. Les gens d'ici en profitaient en évitant la longue route vers la capitale.

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Nous arrivons en vue de notre premier baobab

Le premier baobab couché qui nous attend est magnifique, il y a un gros trou typique à sa base, où étaient autrefois inhumés les griots, les crieurs d'infos africains. Ces arbres symboles du Sénégal servent à tout : les feuille à faire le bouyé contre le " rhume des fesses ", l'écorce est tressée pour lier les tiges de mil, les racines font partie de la pharmacopée. A la saison humide, en été, tout le monde monte dessus pour prendre sa part de feuilles et de fruits, car l'arbre sacré du Sénégal appartient à tout le monde.

Glaneuses de Millet

A 17 heures, la chaleur se fait moins lourde. Nous marchons maintenant vers l'embouchure de la lagune, le trésor touristique de la Somone. Des canots à moteur bien rangés. 5.000 FCFà l'entrée par personne (8€ !). Abdou nous apprend que les trois quarts de cette forte somme réclamée depuis peu serviront à financer la sauvegarde de la réserve naturelle gérée par quatre communes. Nous lui conseillons vivement de l'expliquer au public, et peut-être de revoir le prix.

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Pendant la visite de la lagune de la Somone, les pêcheuses d'huîtres comme dans un tableau de Millet

Dommage, le bruit du moteur de la plate qui nous promène sur l'eau... Notre guide nomme les oiseaux qui défilent dans le soleil couchant : hérons, pélicans, cormorans, goélands, argentins (sic!), sternes, huitriers, pies... Nous longeons la mangrove et les palétuviers. Des femmes cueillent les huitres sauvages dans l'eau comme des glâneuses de Millet. Nous marchons sur les bancs de sable, la mer au mollet. C'est très beau. Les Somonois ont pris conscience de la beauté du site et tenteront de ne pas le dénaturer.

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Un paysage superbe et encore préservé : les responsables de la commune ont été convaincus de miser sur le tourisme éthique

Bientôt un office de tourisme

Parmi les actions menées pendant notre séjour, nous avons suscité une réunion des acteurs du tourisme local pour réfléchir à la création d'un office du tourisme. Huguette Legros, ancienne maire-adjointe au tourisme de cherbourg, a mis son expérience au service de tous et proposé la réalisation d'une brochure. Un local devrait être créé dans une salle de la Maison de la Femme, construite par l'association Teranga au coeur du village. Les commerçants de la Somone ont eux-mêmes insisté sur la nécessité d'améliorer l'environnement général (propreté) et l'accueil. Ils feront un effort pour limiter le démarchage trop collant. La lagune est considérée comme une locomotive du tourisme qui fait déjà l'objet d'une grande attention notamment de la part des femmes qui reboisent régulièrement la mangrove. Un effort sera porté sur la formation des jeunes. L'idée du tourisme éthique est bien enclenchée.

rhino

A la réserve de Bandia, à vingt minutes du village, l'Afrique dans toute sa splendeur avec girafes et rhinocéros. Mais la visite (privée) se fait au pas de course.

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